January 27, 2020

Legal Spotlight : Sarah Ouis, avocate expatriée à Londres et passionnée de design juridique

Hear from Sarah Ouis about her experience and passion for legal design and content.

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Sarah Ouis, juriste expatriée et passionnée de design juridique au point de créer du contenu sur les réseaux sociaux, est un ovni dans le paysage juridique français. Dans cette discussion, elle dévoile son parcours, des bancs de l'université à son poste d'avocate à Londres chez MDgroup, et donne sa vision de la profession d'avocat et des transformations qu'elle juge nécessaires.

Bonjour Sarah, pouvez-vous nous parler de votre parcours ? Avez-vous toujours voulu étudier le droit ?

Je suis juriste d'entreprise, je travaille au Royaume-Uni depuis près de 4 ans. Je suis titulaire d'une maîtrise en droit des affaires de l'IUP d'Evry. Avant cela, j'ai fait un DUT Carrières juridiques à l'Université de Lyon III.

À l'origine, je voulais étudier le droit pour pouvoir ensuite travailler dans les ressources humaines, mais le droit des affaires m'a attiré.

Quand avez-vous décidé de partir à l'étranger ?

L'insertion professionnelle après des études de droit en France était très compliquée à l'époque, donc partir à l'étranger était une opportunité potentielle de développement de carrière, d'autant plus que j'avais besoin d'améliorer mon anglais.

Mon premier emploi dans le secteur juridique, en particulier à l'étranger, n'a pas été une tâche facile et ne s'est pas produit au moment où j'ai posé mes valises à Londres. Je me décris souvent comme un fiasco juridique pour décrire mon parcours dans la construction de ma carrière juridique.

Pouvez-vous nous parler de vos différentes expériences ?

J'ai eu l'occasion de développer des expériences dans des entreprises de différentes tailles et dans des secteurs variés, ce qui est une réelle opportunité lorsque l'on débute sa carrière.

Le métier s'exerce différemment selon ces paramètres et il est important de pouvoir s'adapter à l'environnement économique de chaque entreprise. Il faut également trouver le bon compromis entre l'aspect technique du métier sans perdre de vue la nécessité de soutenir efficacement l'entreprise, qui évolue dans un environnement de plus en plus concurrentiel.

J'ai réalisé qu'on ne devient un vrai juriste d'entreprise qu'avec la pratique. On découvre l'envers du décor, les aspects positifs du métier (comme le développement d'une véritable expertise pratique des affaires, la collaboration avec des professionnels de différents domaines) mais aussi les aspects plus décevants (tâches à faible valeur ajoutée prenant généralement beaucoup de temps, méconnaissance de notre métier et de notre valeur ajoutée par certains opérationnels).

Ces premières années dans le monde du travail m'ont permis d'identifier le type de structure qui correspondait le mieux à mon profil, mais aussi le type de fonctions dans lesquelles je souhaite évoluer à moyen/long terme.

Enfin, le fait d'avoir pu découvrir ce métier dans deux pays différents m'a vraiment permis de me rendre compte que la pratique de la profession est largement influencée par la culture d'entreprise du pays en question. Les anglo-saxons ont une approche beaucoup plus orientée business et flexible que les continentaux, plus orientés processus, par exemple.

Êtes-vous satisfait de votre travail d'avocat aujourd'hui ? Qu'est-ce qui vous plaît le plus dans votre travail quotidien ?

Je ne pense pas qu'un autre emploi dans le secteur juridique aurait pu me convenir davantage.

C'est un travail dans lequel je peux vraiment apporter une valeur ajoutée à l'entreprise. J'aime l'idée de pouvoir contribuer au processus de décision, à la stratégie, de mesurer les avantages d'une transaction par rapport aux risques potentiels et parfois même d'apporter une nouvelle perspective.

Trouver des solutions et des compromis qui fonctionnent et aider l'entreprise à progresser est vraiment ce que j'aime le plus dans ce travail.

Quels sont les problèmes que vous essayez de résoudre dans votre département juridique ?

L'entreprise connaît une croissance exponentielle, justifiant ainsi la nécessité de gérer la demande différemment et plus efficacement. J'ai récemment mis en place des processus pour centraliser les demandes, suivre leur évolution et former les nouveaux arrivants au juridique (oui, je ne m'ennuie pas !).

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Avez-vous de bonnes anecdotes à partager avec nous ?

Un jour, un opérationnel a voulu m'aider à accélérer la signature d'un contrat en suggérant une clause visant à accorder un geste commercial au client, la clause proposée ressemblait à ceci : "Le client aura droit à un joker" (il manquait le J majuscule 😂 !).

On dit souvent que la profession d'avocat est en train de changer. Êtes-vous d'accord ?

Lorsque j'ai commencé à découvrir la profession, j'ai été déçue de constater que notre valeur ajoutée était peu remarquée et que le département juridique n'avait pas toujours une bonne image dans les entreprises (souvent décrit comme le "département du non").

J'aimerais que la profession se modernise et qu'elle soit capable de communiquer et de collaborer plus efficacement avec les parties prenantes, et peut-être qu'un jour, elle ne sera plus considérée comme une "entrave" à l'activité.

Cela nécessitera un changement de positionnement, le développement d'une approche beaucoup plus accessible des juristes au personnel opérationnel, notamment par l'utilisation d'un langage clair et de formes de communication innovantes et inattendues.

Je pense qu'il est également nécessaire de se rappeler que faire des affaires, c'est prendre des risques et que le juriste ne prend pas de décisions. Il guide et conseille mais la décision finale reste entre les mains de l'entreprise et le fait que l'entreprise ne suive pas les recommandations du juriste fait aussi partie du jeu.

Avez-vous essayé de mettre des choses en place à votre niveau ?

Il est nécessaire pour les avocats de moderniser leur pratique, de se positionner comme partie intégrante de l'entreprise et de faire preuve de collaboration et d'empathie notamment avec les partenaires commerciaux, qui sont souvent soumis à une forte pression. A mon niveau, j'essaie de le faire à travers différents outils :

Outils de collaboration : notamment pour les projets nécessitant l'intervention de plusieurs services, comme les appels d'offres.

Design juridique : Je le définirais comme l'ensemble des outils de communication et des supports innovants visant à faciliter l'accès au droit avec l'utilisation de :

  1. Supports visuels : tels que des infographies, des tableaux ou des diagrammes.
  2. Méthodes de transmission des connaissances par différents canaux, pour donner quelques exemples concrets : mes formations incluent des scénarios ludiques : J'ai fait une formation GDPR qui comprenait un jeu sur le thème de Mario et Luigi.
  3. Je fais des parallèles entre le droit et des situations de la vie quotidienne : par exemple, je compare la relation entre les parties à un contrat à une histoire d'amour.

L'accord de confidentialité pourrait être comparé à la période de "rendez-vous" entre deux personnes, les deux parties discutent mais souhaitent que leur conversation reste privée et confidentielle. L'accord-cadre représente le "mariage" entre les deux parties.

Utiliser des méthodes de communication innovantes : l'humour, le sarcasme, l'autodérision peuvent être utilisés pour faire passer efficacement des messages forts. J'y ai parfois recours, notamment celui de Gandalf pour tous les adeptes du Seigneur des Anneaux avec le fameux "Tu ne passeras pas" lorsque je me trouve dans l'incapacité d'approuver un contrat.

Il semble que tu aies plusieurs projets en cours ! Pouvez-vous nous en dire plus ?

Je développe beaucoup de contenu à la fois sur le fait d'être expatrié (notamment pour les avocats / étudiants en droit) et sur le design juridique. Ce contenu est disponible sous différents formats (visuel avec les infographies, audio avec les podcasts, écrit avec les articles et vidéo avec les vidéos que je poste à la fois sur LinkedIn et plus récemment sur YouTube).

Je fais également des quiz d'anglais des affaires (et plus récemment des quiz juridiques !).

Enfin, j'ai eu l'occasion d'intervenir à l'Association française des juristes d'entreprise pour parler de mon expérience.

En dehors du travail, où peut-on vous trouver ?

Au café Elan à Londres, probablement en train de déguster un latte au caramel avec un Paris Brest.

Qu'est-ce que les gens ne savent pas encore sur vous ?

Je suis l'aînée de huit enfants, autrement dit, je suis la mère d'enfants que je n'ai ni faits ni choisis.

Pouvez-vous nous donner une de vos lectures récentes ?

Crush It de Gary Vaynerchuk (Livre publié en 2009, très en avance sur son temps, donnant des conseils pour développer une activité parallèle, développer son personal branding, créer du contenu de qualité et développer sa visibilité sur les réseaux sociaux).

Aussi, Influence de Warren Cass : Je l'ai lu deux fois ! Ce livre donne des conseils pour développer son influence et sa visibilité, et maîtriser l'art du networking.

Un mot pour les lecteurs du blog Tomorro ?

"Le changement, c'est maintenant" (toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou passées est purement fortuite).

Pour retrouver Sarah sur les réseaux sociaux...

LinkedIn : Sarah OUIS

Instagram :

  • Pour le contenu expat : @expatomnes
  • Pour la conception juridique : @verylawyerproblems

Facebook et Twitter : @expatomnes

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